Génocide : la justice internationale renvoie Serbes et Croates dos à dos

24/08/2015 13:39

La Cour internationale de justice (CIJ) a décidé, mardi 3 février, que ni la Serbie, ni la Croatie n’avaient commis de génocide lors de la guerre en Croatie (1991-1995). Une décision qui met un terme à une très longue bataille juridique et mémorielle entre Zagreb et Belgrade.

  • Pourquoi cette décision ?

Pour les magistrats internationaux, la Croatie n’a pas apporté la preuve qu’un génocide aurait été commis par les Serbes. Si des meurtres et des disparitions forcées ont bien été perpétrés par les forces serbes, estiment-ils, ils ne l’ont pas été dans l’intention de détruire la population croate, mais pour l’expulser de territoires de Croatie, notamment d’une partie de la Slavonie et de la Dalmatie, alors revendiqués par les sécessionnistes serbes, qui souhaitaient « intégrer un Etat serbe ethniquement pur, rassemblant tous les Serbes d’ex-Yougoslavie ». Bref, une politique d’épuration ethnique.

Les juges se basent sur plusieurs témoignages déposés par Zagreb, mais aussi sur les décisions du Tribunal pénal international pour l’ex-Yougoslavie (TPIY). En vingt ans, ce tribunal, qui a jugé près de 150 personnes, n’a jamais établi l’existence d’un génocide en Croatie. La CIJ rappelle d’ailleurs que l’ex-président yougoslave, Slobodan Milosevic, n’a jamais dû répondre de crimes de génocide en Croatie.

Les juges font le même constat concernant une contre-plainte pour génocide déposée en 2010 par la Serbie, visant particulièrement les crimes commis lors de l’opération Tempête qui, à la fin de la guerre, en août 1995, avait permis aux forces croates de reprendre des territoires conquis par les sécessionnistes serbes. Si des crimes ont été commis, précisent-ils, ils ne l’ont pas été « à une échelle telle » qu’ils démontreraient « une intention génocidaire ».